On s'est fait réveiller par le chant du coq, et peu
après, on nous a servi le thé à notre tente.
On a une demi-heure pour tout paqueter et aller déjeuner.
On a laissé nos sacs de couchage et nos matelas dans la tente,
ainsi qu'un sac avec des quelques affaires dont on aurait pas besoin
durant la journée. C'est parce qu'aujourd'hui on a
décidé de payer S/. 70 supplémentaires et de faire
porter la moitié du poids de nos bagages par des porteurs.
Et pourquoi pas? L'ascension du col de la femme morte
(Warmiwañuska) est réputé pour être la
partie la plus difficile de tout le trajet et beaucoup de gens y ont
des problèmes. Quelques kilos en moins ne nous nuiront
certainement pas, et on pourra beaucoup plus apprécier la
randonnée. Nous partons immédiatement après
le déjeuner. J'ai un peu peur parce que tous les guides et
récits de voyage que j'ai lus n'avaient que des histoires
d'horreurs à raconter au sujet de la "deuxième
journée".
En chemin, on fait des arrêts fréquents. Il y a
plusieurs sites archéologiques à contempler.
À moment donné, ça monte, monte, et monte...
Ça semble ne jamais s'arrêter. Les heures
passent. On est partis d'une altitude de 3000m et il faut
passer
le col à 4200m, donc 1,2km d'ascension. À tous les
20-25 minutes, on fait une pause pour s'abreuver, prendre un peu de
sucre, et on repart.
(Le sentier est sinueux et la pente
est raide...)
Durant toute la montée, on voyait le sommet, et il avait
toujours l'air très proche. Pourtant, dans les deux photos
qui suivent, on était même pas encore rendu à
mi-chemin.
(Le sommet est loin...)
(On arrive-tu?)
Après quelques heures d'ascension, on arrive à un lieu un
peu étrange...
Il y a plein de monde, des marchands qui vendent plein de trucs,
etc... Sommes-nous rendus au sommet? Eh
non! On n'est
qu'à 3 700m et ils appellent ça la pause à
mi-chemin. Pas exactement à mi-chemin puisqu'il ne nous
reste que 500m sur les 1 200, mais bon, la pause est
bienvenue.
Le site s'appelle Llulluchapampa et c'est un endroit où les gens
s'arrêtent pour camper la première journée.
Il y a une vue magnifique, mais je suis content que notre guide nous
ait fait arrêter plus tôt, parce qu'ici, on est loin
d'avoir la tranquillité qu'on avait dans la petite ferme
où on a passé la nuit.
(Moi à Llulluchapampa)
(À Llulluchapampa, on a une
vue superbe des montagnes)
Je m'achète un 2,5L d'eau de source San Luís et je me
détend à l'ombre un bon moment, Je fais quelque
bebyes à deux petites japonaises qui me zyeutent depuis un
moment. Après 15 minutes de détente, je repars.
Monte, monte, monte... J'ai mal partout, j'ai juste le goût
que ça finisse, mais je revois encore les touristes
épuisés ce matin, qui avaient du rebrousser chemin en se
faisant porter, et je me disait: "Pas moi, jamais, je dois y
arriver!" Les heures passent. Alvaro, notre guide
m'encourage: "Allez Christian, lâches pas, plus qu'une heure,
plus que trente minutes, plus que dix!"
(Ça commence à
être long...)
À moment donné, il me demande ma caméra.
C'est pour me photographier au moment ou je vais atteindre le
sommet. Tout à coup, la piste semble reprendre de
l'horizontalité. Je lève les yeux et clic,
photo finish!
(Ça s'en vient enfin!)
(Je suis presqu'à bout de
force)
(Plus que quelques mètres!)
(Victoire!)
Je m'écrase assis sur un rocher. Il y a plein de
monde. La vue est magnifique. On peut voir les pics
enneigés de part et d'autre du col. On croirait marcher
sur le sommet du monde, avec les Apus, les dieux des
montagnes.
Dans les derniers mètres, mon coeur battait constamment à
plus de 150 coups/minute, et je ne pouvais m'empêcher de respirer
à tout rompre. La sensation de manquer d'air est vraiment
désagréable, et il ne faut surtout pas céder
à la panique.
(Michel et moi (re)posant au poteau
indicateur du sommet)
(4215 metros sobre el nivel del mar)
(Le sommet de la montagne touche les
nuages...)
(Le versant opposé du col)
(La descente sera vertigineuse)
Il faut maintenant redescendre plusieurs centaines de mètres en
escalier. C'est là que les problèmes ont
commencé... Mes genoux, durement
éprouvés pendant l'ascension, ont commencé
à me faire souffrir pendant la descente. C'est comme si
j'avais quelque chose d'étiré, le même mal
qu'à ma descente du canyon de Colca. Ça
élançait dans mes deux genoux et c'était pire
à chaque pas. Je me suis pris une TRÈS grosse dose
d'ibuprofène et je me suis mis à mâcher de la
coca. En descendant, un british m'a demandé si ça
allait. Je lui ai dit que je m'étais fais mal aux
genoux. Il a pris le nom de mon guide et est allé lui dire
de venir à ma rencontre. Peu de temps après, il est
arrivé et m'a mis un bandage aux deux genoux. Ça a
aidé, mais c'était encore très
pénible. Je suis arrivé de peine et de
misère au campement où c'était déjà
l'heure de souper. J'avais pas vraiment d'appétit.
J'ai mangé un peu et je me suis éfouèré
dans ma tente. Demain: porteurs, ibuprofène et bandages
obligatoires!